« C KOI LE BONHEUR »
L’Interview de Sylvie Koutsikidès
– Pourquoi avez vous choisi de créer ce spectacle ?
S.K: – » Suite à mes expériences nombreuses avec les jeunes et plus particulièrement les adolescents, j’ai voulu faire une pièce de théâtre qui parle d’eux, dans laquelle ils puissent rire et pleurer d’eux-mêmes, et donc prendre un peu de distance. (le théâtre n’est-il pas là pour ça ?).
Tout au long de mon travail, j’ai souvent emmené les ados au théâtre. J’ai toujours été frappée par l’absence de textes qui les concernent directement. Pourtant lorsqu’on leur donne la parole sur scène et notamment à travers des improvisations, c’est impressionnant tout ce qui apparaît. Ils en ont, des choses à dire, mais bien souvent ne savent pas les exprimer, ni par la parole ni par leur corps changeant qui semble leur échapper.
L’adolescence est sans doute la période la plus délicate de la vie. C’est peut-être pour cela que j’ai voulu la traiter; retranscrire théâtralement leurs paroles à travers mon filtre d’adulte et mes souvenirs d’ados. »
– Comment s’est fait le lien avec le collège ?
S.K: – » Le lien que je fais avec le collège est simple. C’est leur principal lieu de vie. C’est là que la société les a rassemblés, avec leurs doutes, leurs questionnements, leur malaise d’ados. C’est pour avoir souvent travaillé en tant qu’intervenante théâtre dans l’enceinte des collèges, que j’ai eu envie de parler de ces années. »
– Le théâtre ce n’est pas vraiment une préoccupation de jeune?
S.K: – » J’ai souvent constaté, que si on les y amène avec douceur, les jeunes sont ouverts au théâtre bien que cela puisse leur paraître un mode d’échange désuet face à celui de la vidéo.
L’?uvre littéraire, au delà d’un apprentissage scolaire, est aussi un moyen d’identification, qui permet de se construire, que ce soit en référence ou en opposition.Si nous ouvrons un livre et que nous lisons une phrase au hasard, il n’est pas rare qu’elle fasse résonance avec l’instant présent et nous apprenne quelque chose sur nous-même. Les années collège c’est cela. Cette jeune fille parce qu’elle est sur scène, va laisser des phrases remonter à sa mémoire, des phrases qui ont résonné en elle-même sans qu’elle le sache vraiment. C’est ce travail de prise de conscience qu’elle est en train de faire. »
– Comment avez vous travaillé ?
S.K: – » Au départ j’ai choisi les textes qui me parlaient le plus dans le programme de français de la 6° à la 3°, et ceux que les ados avec qui j’avais travaillé avaient le plus aimés. Je suis notamment partie d’Antigone d’Anouilh car ce texte à marqué un tournant dans ma vie d’adolescente.
Ensuite à partir de tous les moments de vie partagés avec ces adolescents, à partir de tous mes souvenirs de dialogue et non dialogue, j’ai improvisé pendant des heures et des heures. Et puis j’ai trié, modifié, réécrit, pour arriver à un scénario intégrant les 5 ?uvres littéraires. Petit à petit un personnage et une situation sont nés puis l’histoire s’est déroulée toute seule.
Scénario au point, et mise en scène ébauchée, je suis allée présenter mon travail à une classe de 3°, grâce à la complicité de leur professeur. Ensuite j’ai ouvert la discussion avec les jeunes. Ce fut un échange très riche.
Bref, cette expérience me permit de constater que j’étais sur la bonne voie ».
Sylvie KOUTSIKIDES : son C-V et sa biographie
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